l'incendie du Reichstag

Les démons de Berlin

Fabiano Massimi

éditions Albin Michel

 

Berlin 1933, Sigfried Sauer, ancien commissaire de police de Munich, répond à l'appel de la femme qu'il aime qui a rejoint la résistance à Hitler et les siens. Les nazis ne sont pas majoritaires au Parlement, mais avec l'aide de la Droite, Hitler est Chancelier. En février, l'incendie du Reichstag sera un excellent prétexte pour s'attribuer tous les pouvoirs, en accusant les communistes.

Sigfried fait penser à Bernie Gunther, le policier héros des romans policiers de Philip Kerr. En moins provocateur et moins impertinent. Mais l'esprit est le même : s'appuyer sur des faits historiques pour nous embarquer dans des aventures tumultueuses aux rebondissements inattendus. Comme Bernie, Sigfried côtoie, pour les besoins de l'enquête,  quelques hauts dignitaires nazis. Il y a du suspens, même si nous savons bien qu'à la fin le Reichstag sera incendié et les communistes accusés.

Philip Kerr et Fabiano Massimi ont un autre point commun : leurs études de philosophie à l'université. 

Pour celles et ceux qui n'auraient pas encore lu le premier roman de Fabiano Massimi, "l'ange de Munich" je signale qu'il est sorti en livre de poche. Il a même obtenu le "Prix des lecteurs du Livre de Poche". Dans ce premier roman, la nièce d'Hitler a disparu, et le commissaire Sauer est chargé de l'enquête...

En conclusion : j'ai beaucoup aimé !

 

"On a parfois la sensation qu'aujourd'hui encore il suffirait de bien peu pour passer de la démocratie la plus évoluée à un cauchemar totalitaire : un incident, un prétexte, une petite distraction. Gardons les yeux bien ouverts."

 

Paris libéré !

L'inspecteur Sadorski libère Paris

Romain Slocombe

Points policiers P5641

 

Sortie en format poche de ce roman policier qui se déroule à l'été 44. Les Alliés ont débarqué en Normandie. Les membres parisiens de la Milice deviennent nerveux. Les responsables de la police parisienne, engagés auprès des autorités allemandes sont plus anticommunistes que jamais. Certains sont toujours anti-sémites, comme le "héros" du roman, l'inspecteur Sadorski accusé, à tort, de connivence avec la Résistance.

Alors que les chars de Leclerc approchent de Paris les Allemands désarment les policiers parisiens; "Alors, pour protester, ils se sont mis en grève."

Chargé d'accompagner le transfert à Vichy de l'ancien ministre Georges Mandel, Sadorski assiste impuissant à son assassinat par  la milice. Au fil de multiples rebondissements, il fréquente la lie de la collaboration.

Paris libéré les "résistants" de la 25e heure sont hystériques et s'en prennent aux femmes soupçonnées de "collaboration horizontale", ainsi qu'aux Indochinois, soupçonnés d'être Japonais ainsi qu'aux Arabes. "Les "bicots" ont l'habitude de servir de boucs émissaires". Horrible "justice" expéditive. Sadorski, pourtant membre opportuniste d'"Honneur de la police", n'échappe pas aux rafles.

 

 

""jusqu'ici il n'était qu'un salaud somme toute ordinaire. Lequel du reste ne se considérait pas comme un salaud mais comme un bon flic."

Kiev, 1919

L'oreille de Kiev

Andreï Kourkov

Liana Levi

 

En 1919, la situation militaire en Ukraine est incertaine, les fronts fluctuants. La situation est plus compliquée qu'aujourd'hui car il y a trois forces militaires en présence : les nationalistes qui occupaient le pouvoir à Kiev l'année précédente, et ne sont pas loin, susceptibles de revenir, l'armée blanche qui cette année là n'est pas loin de reconquérir l'Ukraine, et l'armée rouge qui, comme on le sait,  sera victorieuse l'année suivante, profitant des divisions entre les nationalistes et les "blancs".

"les bolchéviques tentèrent par quatre fois de s'emparer de l'Ukraine pour la transformer en république soviétique (la quatrième fois fut la bonne)."

Comme aujourd'hui, en 1919, la population souffre du froid et de la faim ; Manque d'électricité, manque de chauffage, manque de nourriture. Il n'y a que les armes qui ne manquent pas.

"L'oreille de Kiev" est celle de Samson, étudiant, orphelin. Oreille tranchée par un cosaque. Un peu par hasard il entre dans la milice et enquête, faisant de ce roman un "polar historique".

 

 

 

Au temps du cinéma muet

La mort muette

Volker Kutscher

édition du Seuil

 

Berlin 1930.

Les livres de Volker Kutscher ont inspiré la série d'Arte "Babylone `Berlin". J'ai hésité à lire ce gros livre car je craignais que la série ne fasse disparaitre le suspens de l'intrigue.

Que vous ayez , ou non, vu la série, n'hésitez pas à lire le livre qui est un véritable livre policier, avec meurtres et enquête, pas à pas, sur presque 700 pages. Le commissaire Gereon Rath est impertinent,  amoureux, et plein d'intuitions.

Bien entendu la situation politique n'est pas totalement escamotée. Les nazis et les communistes se battent dans les rues. La police berlinoise, dominée à son sommet,  par les Démocrates-chrétiens et les Sociaux démocrates, ne sait sur quel pied danser, tombant parfois dans des excès de répression violente.

Les gens ne savent pas que les nazis seront au pouvoir dans trois ans. et ils ne savent pas non plus que le cinéma muet ne va pas tarder à disparaitre. Les actrices, les réalisateurs, les producteurs, donc les financiers, sont partagés, hésitant à basculer vers le cinéma parlant qui demande des investissements importants.

Une guerre à mort ?

 

De la fumée et des cendres

Avec la permission de Gandhi

Abir Mukherjee

éditions Liana Levi

 

1921, Calcutta. Gandhi prône la désobéissance civile, demande aux fonctionnaires indiens de démissionner, y compris les policiers. Le prince de Galles, futur héritier de l'empire est en visite officielle en Inde. Il viendra donc à Calcutta. Les autorités locales voudraient qu'il ne voit rien de la contestation anticolonialiste.

C'est dans ce cadre que survient un assassinat, puis un autre, et un autre encore.

L'enquête est menée par le capitaine Wyndham et son second, le sergent Banerjee. Le premier, opiomane imbibé de wisky",  essaie de se désintoxiquer de l'opium, amené à Calcutta par des Chinois. Le second, même s'il n'a pas suivi l'injonction à la démission, a de fortes sympathies pour la cause indépandentiste, totalement appuyée par sa famille.

Gandhi a beau insister sur la non-violence, un attentat semble être en préparation qui pourrait tuer des dizaines d'innocents, avec "de la fumée et des cendres", titre original, anglais,  du livre.

Une aventure pleine d'actions qui nous transporte dans l'Inde qui va inexorablement vers son indépendance, et ne gardera de l'Angleterre que le cricket.

 

"Le véritable danger ce sont les millions d'opprimés muets qui constituent l'Inde réelle. Pour la première fois, ces masses pauvres, illetrées, sans voix, qui représentent neuf dixième de la population de ce pays sont en marche."

"On ne peut ignorer la provocation que jusqu'à un certain point. Au-delà l'absence de réaction vous fait paraître faible."